Notre culte


Lorsque j'étais pasteur, alors que j'avais la tête dans le culte, préparant le message dominical, Jésus fit irruption dans ma préparation.

"Dans ce que vous appelez culte, en quoi me rendez-vous un culte ?"

Juste une question qui me donnait le message du jour mais qui surtout était pour moi le commencement d'une longue méditation sur la fameuse réunion du dimanche. Il y aurait beaucoup de choses à mentionner, notamment sur sa base historique, sur ses conséquences, sur le fait que parfois, le dimanche matin ressemble à un moment de ségrégation spirituelle, chacun se coupant du reste du Corps et se réunissant avec sa "race dénominationnelle".

En tout cas, bibliquement, aucune directive à son sujet, aucune mention d'une réunion spéciale le week-end, encore moins d'une réunion appelée culte. Étonnant alors que, ce "culte", soit le fondement de la vie ecclésiale de tant de gens appelés parfois avec raison "chrétiens du dimanche".

D'un point de vue pastoral, ce culte relève du défi. Il va falloir y inclure, un mot de bienvenue, un temps de louange, un temps d'adoration, un temps de prière, une prédication, le pain et le vin, peut-être un temps de ministère, les annonces et rappeler les offrandes. Le tout sans que ça soit trop long. Un peu comme un gros hamburger dans lequel il y a le pain, la viande, les légumes, la sauce, et le fromage. Un jour, un ami américain me disait: " le culte, c'est comme le "MacDo", tu viens, tu manges et tu bois, puis tu paies".

A l'époque, je n'avais pas trop compris la boutade de mon ami, depuis j'ai poussé la réflexion plus loin. Qu'est-ce qui différentie un "Mac Do" d'un autre? Pas grand chose diront certains, d'autres évoqueront:
- son emplacement, sa visibilité, son accessibilité
- la taille de son parking
- sa capacité d'accueil
- la rapidité de son service
- les activités pour enfants
- sa qualité de service et la qualité du produit
- son équipe (dynamisme, amabilité, efficacité)

Ces critères ont peu d'impact quand il y a un seul fastfood dans la ville, mais ils ont leur importance quand il y a concurrence. N'empêche que l'on y retrouve à peu près la même chose partout. Pour les "chrétiens du dimanche", les consommateurs de culte, les critères sont souvent identiques et aiguillent leur choix quant au lieu de leur activité dominicale.

Pourquoi allons-nous au Mac Do? Je pense que ce qui prime c'est le côté pratique et rapide. De plus c'est la petite sortie en famille et ça fait plaisir aux enfants. Il n'y a pas de mauvaise surprise, on nous sert ce que nous attendons. Tous ces côtés sont super, maintenant rappelons-nous que tous les nutritionnistes sont d'accord pour dire que trop de ce style de nourriture nuit à la santé.

Parfois je suis effrayé par le christianisme qui se sent obligé de proposer de la restauration rapide, sûrement en réponse à la demande. En effet, le "chrétien du dimanche" est content quand "à l'église" il y a de la place pour se garer, que son église est visible dans la ville, quand ses enfants sont biens pris en charge, quand l'équipe sur place est sympathique, dynamique et efficace, quand on lui sert ce qu'il attend, le tout dans un service assez rapide parce que quand même, c'est dimanche et il a aussi d'autres choses à faire. Alors voilà, tout le monde est rassemblé, joue le jeu et a le sourire comme dans une pub américaine. Puis c'est "au revoir, à la semaine prochaine" !

Il y a une différence entre rendre un culte et se rendre au culte. Une différence aussi grande qu'aller à l'église et être l'Eglise. On ne rend pas un culte à Dieu en allant au culte mais en s'offrant à lui comme des sacrifices vivants, nous dit Paul.

Source : Patrick Fontaine
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